Par Sœur Eva Ribeito, Coordinatrice de projet, Secteur Angola et Mozambique
Les résultats complets des élections présidentielles et parlementaires du 9 octobre au Mozambique ont été annoncés la semaine dernière, des violences et des attaques armées ont continué à choquer ce pays d'Afrique australe déchiré par la guerre.
L’escalade des violences à Cabo Delgado, l'une des régions les moins développées du Mozambique, ont forcé des milliers de personnes à fuir leurs villages et à se déplacer vers d'autres provinces, où elles vivent dans des conditions très pauvres et précaires.
Beaucoup d'entre elles sont arrivées à Nampula où nous - trois sœurs - sommes restées pour poursuivre notre mission : sauver et transformer la vie des populations locales et des familles déplacées qui sont victimes de ce conflit armé.
Avec le soutien de sept partenaires de mission salariés, nous avons développé diverses activités, comme notre programme de soutien scolaire où nous avons permis à environ 800 filles et garçons jusqu'à l'âge de 14 ans d’être re-scolarisés ou de poursuivre leurs études.
L’un des principaux aspects de notre travail a consisté à surveiller et à améliorer la nutrition et la santé des enfants déplacés par la guerre, grâce à des repas servis dans notre cuisine communautaire. Et cela grâce à un financement de 30 000 € reçu de l’Organisation de Protection de l’Enfance de l’Église catholique en Allemagne, Kindermissionswerk.
Une autre phase de notre travail a consisté à offrir un soutien et des activités de sensibilisation tels que le mariage précoce et forcé, les compétences générales de vie et la sensibilisation à l’environnement.
Nous avons été émus de constater les fruits de notre travail : amélioration du comportement des enfants et de leurs résultats scolaires, diminution des mariages précoces et forcés, diminution de la consommation d’alcool et diminution des taux de paludisme et d’anémie chez les enfants et les adolescents.
Tout n’a cependant pas été facile. Nous avons dû soutenir des jeunes femmes qui prenaient des médicaments pour avorter en raison de leurs mauvaises conditions de vie, et les familles de trois adolescents qui se sont suicidés.
Nous avons vu de nos propres yeux des adolescentes kidnappées, séquestrées ou victimes de la traite contraintes au travail forcé non rémunéré ou à la prostitution.
Et, de manière alarmante, nous avons rencontré des situations où des adolescentes et des jeunes en âge scolaire ont été contraints à des activités sexuelles en échange d'argent pour payer leur éducation.
Pour l'avenir, nous pensons nécessaire de créer des programmes qui ouvrent aux femmes un avenir durable, par exemple par le biais de formations à la création d'entreprises et de microfinances, afin de garantir leur santé et leur nutrition ainsi que celles de leurs familles.
Nous comprenons que la création de ces initiatives constituerait une étape importante pour aller au-delà de notre aide humanitaire d'urgence, car les mères qui ont un emploi ou un revenu garanti auront leurs propres fonds pour acheter les produits de première nécessité.
Pour y parvenir, nous envisageons de travailler en partenariat avec des organisations gouvernementales qui mènent des activités humanitaires.
Nous espérons que nous pourrons continuer à promouvoir une éducation humaine et religieuse pour les enfants et les jeunes dans un environnement où leur dignité et leur vie en société soient préservées.