Par Jason Loh, conseiller, Projek Perintis MINDa Pelajar, Services du Bon Pasteur, Malaisie
Au lendemain de la pandémie, il est devenu évident que de nombreux élèves portaient en silence un poids émotionnel qu'ils ne savaient pas nommer. Certains avaient perdu leur énergie, d'autres se repliaient sur eux-mêmes, et beaucoup semblaient sous le poids de défis dépassant le cadre scolaire. En tant que membre de l'équipe MINDa Pelajar , et fort de mon expérience antérieure de conseiller stagiaire pendant la pandémie, j'ai pu constater à quel point la crise avait profondément ébranlé leur sentiment de stabilité, leur estime de soi et leur lien avec les autres.
En 2023 et 2024, nous avons entrepris un projet visant à renouer avec ces élèves grâce au projet Perintis MINDa Pelajar dans quatre établissements secondaires. Nous avons été témoins directs des difficultés émotionnelles auxquelles ils étaient confrontés, et il est devenu évident que le soutien à la santé mentale allait au-delà du simple soutien scolaire. Ce projet prône une approche holistique où le bien-être émotionnel est aussi valorisé que la performance scolaire. Nous avons également travaillé avec les enseignants et les parents, les encourageant à prendre conscience de la santé mentale de leurs enfants tout en mettant la priorité sur leur propre bien-être et en renforçant leur rôle de soutien. Ensemble, nous avons appris l'importance de l'empathie, des espaces sécurisés et des systèmes de soutien qui écoutent et développent.
Nous avons mis en place des programmes de création et de réflexion qui ont aidé les élèves à exprimer ce que les mots ne pouvaient souvent pas faire. Des activités comme « Manifestasi Seni », « Saya Istimewa », « Apa Dalam Minda Anda ?»et d'autres ont offert des espaces de soutien et de sécurité pour s'exprimer, parler et être vus. Au début, beaucoup étaient sur la défensive, assis en retrait et évitant le contact visuel, mais peu à peu, l'ouverture d'esprit s'est installée. Je me souviens d'un élève réservé qui n'avait presque pas parlé depuis des semaines et qui a finalement dit : «Je ne pensais pas que parler aiderait, mais je me sens plus léger maintenant.» Cette simple phrase traduisait la transformation silencieuse dont nous étions témoins.
Les enseignants, eux aussi confrontés à leurs propres problèmes de santé mentale et à l'épuisement professionnel, ont commencé à s'ouvrir. Les conversations sont passées de la discipline à la compréhension des difficultés émotionnelles des élèves. Nombre d'entre eux ont commencé à se demander comment mieux soutenir leurs élèves et prendre soin d'eux-mêmes. Un changement s'est opéré, du silence à l'écoute, de la discipline à la compassion. Les parents ont également expliqué comment le programme les avait aidés à mieux comprendre les besoins émotionnels de leurs enfants et à susciter des conversations plus ouvertes à la maison. Ce faisant, la sensibilisation à la santé mentale s'est progressivement étendue au-delà de l'école, renforçant les liens affectifs au sein des familles.
Avec le recul, nous n'avons pas tout réglé, mais cela n'a jamais été le but. Nous avons aidé les élèves à retrouver confiance, à s'exprimer sans crainte et à croire que leurs sentiments comptent. Ce n'était pas une solution miracle, mais c'était un début significatif. Personnellement, en tant que conseillère et membre de l'équipe invitée dans leur univers, ce fut un privilège de les accompagner.
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